Les guerriers hurlaient. Douleur, peur, Agonie, Courage. Tous ses cris se mêlaient au choc des armes qui s'entrecroisent, au bruit des chevaux, des corbeaux, des pleurs. 

Le vent soufflait, lui envoyait en pleine figure l'odeur des cadavres, de la sueur, du sang et celle, reconnaissable entre toutes, de la peur.

Il abattit sa lame. Le bras de son ennemi tomba au sol et fut piétiné par un cheval devenu fou. 

Autre coup de lame. Le cheval s’effondra. Mais ce n'était pas la fin. Devant lui se tenait un autre guerrier. Debout, la pointe de l'épée traînant au sol, il regardait le massacre, hébété. Ce n'était même pas un guerrier, mais un enfant. Il devait à peine avoir douze, treize ans à peine. Trop jeune pour se battre. Un miracle qu'il soit toujours en vie.

- Hey, Gamin !

Il se demanda si il l'entendrait avec le bruit assourdissant des combats. Mais, soudain, comme une éclaircie dans son esprit embrouillé de violence, il se rendit compte que la bataille avait cessée. Aussi rapidement qu'elle avait commencée. Il baissa alors la voix, ne voulant pas crier. Il se refusait à briser ce silence. Un silence lourd de douleur, mais pour les guerriers toujours debout, un silence plein de calme, reposant. Il rengaina son épée et voulut avancer vers le gosse. Il ne put faire un pas, buttant sur quelque chose. Tout autour de lui un tas de cadavre l'entourait. Le tas lui arrivait aux genoux et il du pousser quelques corps pour en sortir. Il se dirigea vers le jeune. L'adolescent leva les yeux sur lui et ne dit rien pendant quelques minutes. Puis il poussa un hurlement et se jeta sur lui. Le guerrier aguerrit l'évita facilement.

- Calme toi, gamin.

Le jeune revint à la charge et au moment où il allait l’assommer pour lui éviter de se faire mal, un soldat restant le décapita d'un coup rapide et sans émotion tout en grommelant :

- Ta gueule !

Le guerrier se retourna en rengainant son épée. Lui, il regarda les yeux vides d'un enfant qui ne pouvait plus grandir, des yeux vitreux qui regardait le ciel, et le reste du jeune corps qui continuait à tressauter après avoir glisser au sol. Il sentit un calme trompeur l'envahir. Le calme qui précédait la rage à l'état brute. Sans un bruit, il sortit Ravensmuir de son fourreau. La lame noire sentait son émoi et pulsait entre ses mains. Il s'avança sans bruit derrière le guerrier et d'un geste le trancha en deux. Dans la longueur. Littéralement.

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Il resta un long moment assit devant le champ de bataille, regardant les corbeaux profitant du festin qui leur étaient offert. Il regarda tout cela sans rien penser, l'esprit vide. Puis il se leva et, sans se retourner, entra dans la foret.

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Bjorn ? Bien sur que je le connais, je suis celle qui tient sa maison. C'est un très bon forgeron, réputé jusque très loin sur Terra. Des fois, il aime bien jouer et il m'autorise à l'écouter. Souvent il reste assis sans rien dire, des heures durant. Il ne dit rien, ne mange pas, et bois pas. Il ne fait rien. Il regarde le ciel ou reste les yeux fermés.

Bjorn est quelqu'un de très bourru, un vrai ours mal léché. C'est quelqu'un de très particulier, beaucoup ne le comprenne pas. Même moi après plusieurs années à ses côtés je n'y arrive pas.